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Coronavirus - Afrique : La vie après le confinement - Reconstruire le tourisme de manière globale et durable

L'arrêt du tourisme mondial dû à la COVID-19 a coûté cher au secteur, surtout dans les pays qui en dépendent fortement, comme les petits états

L'arrêt du tourisme mondial dû à la COVID-19 a coûté cher au secteur, surtout dans les pays qui en dépendent fortement, comme les petits états insulaires. Un nouveau rapport des Nations unies montre comment le tourisme pourrait être reconstruit

Pour Mahmood Patel, 2020 promettait d'être une année record pour ses petites entreprises basées à la Barbade et qui dépendent toutes du tourisme.

Il propose des appartements en bord de mer, vend un café bio produit sans intermédiaire directement à la ferme, et gère Coco Hill, une forêt tropicale de 53 acres dédiée à l'agrotourisme où sont organisées des visites guidées et où il s'attache à promouvoir la sécurité alimentaire et la réhabilitation des terres.

L'entrepreneur barbadien affirme que 2019 a été la meilleure année enregistrée en près d'une décennie et que 2020 s'annonçait encore meilleure.

"Nous avons atteint notre seuil de rentabilité pour la première fois en décembre dernier et avons enregistré des bénéfices en janvier et février 2020", a-t-il déclaré. "Nous avions également commencé à rembourser les dettes contractées lors de la récession de 2008".

L'ensemble du secteur du tourisme - le plus important de l'île - était en plein essor et l'optimisme de M. Patel était largement partagé

Espoirs déçus

Mais ces espoirs ont été anéantis lorsqu'en mars le secteur s'est retrouvé à l'arrêt, la Barbade ayant fermé ses frontières et annoncé un confinement général pour enrayer la propagation de la pandémie de coronavirus.

Cela s'est avéré catastrophique pour toutes les entreprises touristiques de la petite nation insulaire.

L'absence de touristes et la restriction des déplacements sur l'île ont contraint M. Patel à fermer les portes de ses entreprises et à licencier l'ensemble de son personnel, soit 20 personnes.

Il n'est pas le seul. C'est en tant que Président du groupe Intimate Hotels of Barbados (IHB), qui compte 45 membres, qu'il a reçu de nombreux témoignages de ses homologues hôteliers confrontés à la même situation.

"Une de nos membres a récemment appelé, totalement désespéré, expliquant que de mars à maintenant (août), il n'avait signé que deux locations", dit-il. "La faillite est à notre porte".

Coup dur dans le monde entier, 100 millions d'emplois en danger

On retrouve la même situation dans le monde entier. Le coup porté au tourisme met en péril le troisième secteur d'exportation du monde (après les carburants et les produits chimiques) et 100 millions d'emplois directs, ont déclaré les Nations unies dans unenote de synthèsesur la façon dont la COVID-19 a transformé le secteur, publiée le 25 août dernier.

En 2019, le tourisme représentait 7 % du commerce mondial. Le rapport prévoit que les recettes d'exportation du tourisme, secteur qui emploie un salarié sur 10 dans le monde, pourraient chuter de 910 milliards de dollars pour atteindre 1 200 milliards de dollars en 2020.

Pour les petits États insulaires en développement (PEID), où le tourisme représente jusqu'à 80 % des exportations, les conséquences de la pandémie sont dévastatrices.

Les Nations unies estiment une solution politique nécessaire pour atténuer les conséquences sur les moyens de subsistance, en particulier ceux des femmes, des jeunes et des travailleurs du secteur informel, tout en veillant à ce que la santé soit une priorité et à ce que des protocoles sanitaires coordonnés soient fermement mis en place.

Des perspectives sombres face à l'augmentation des restrictions

En juillet, la CNUCED a publiéun rapportqui montre qu'une fermeture prolongée de l'industrie mondiale du tourisme pourrait faire grimper les pertes à 2 200 milliards de dollars, soit 2,8 % du PIB mondial, si elle durait huit mois en tout.

L'organisation estime que les pertes, dans son scénario le plus pessimiste, à savoir une interruption de 12 mois du tourisme international, s'élèveraient à 3 300 milliards de dollars, soit 4,2 % du PIB mondial.

Il est de plus en plus probable que le scénario à 2,8 % se réalise, en particulier aux vues des restrictions de voyage qui sont de nouveau imposées, après avoir été levées.

En Europe par exemple, les restrictions de voyage qui avaient été abandonnées pour l'été, sont de nouveau en vigueur, certains pays cherchant à freiner l'augmentation du nombre de cas de COVID-19. Cela aura un impact significatif sur le processus de reprise.

"Jamais auparavant le poids économique du tourisme dans le PIB mondial n'a été aussi nettement mis en évidence. Nous ne pouvons restés sans rien faire alors que le troisième secteur d'exportation mondial est menacé d'effondrement", a déclaré Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED.

Il a exhorté les gouvernements à protéger les travailleurs, à aider les entreprises du secteur du tourisme face au risque de faillite, comme les hôtels et les compagnies aériennes, et a appelé la communauté internationale à soutenir l'accès au financement pour les pays les plus touchés.

La conseillère spéciale de la CNUCED pour l'économie bleue, Dona Bertarelli, a déclaré qu'il est possible de reconstruire le secteur du tourisme et l'industrie hôtelière de manière que les communautés et l'environnement, y compris l'économie bleue, en bénéficient.

"En ce moment critique, nous avons la possibilité d'aider les communautés qui dépendent du tourisme pour leur subsistance à reconstruire leurs entreprises de manière plus résiliente et plus durable.»

«Il est essentiel de faire le lien entre les plans de relance économique des gouvernements, les investissements du secteur privé et le financement philanthropique, afin de fournir collectivement les ressources et les compétences dont les communautés côtières ont besoin pour passer à une économie bleue régénératrice", a-t-elle déclaré.

Renouer avec l'espoir, renforcer la résilience

Patel reprend lentement ses activités - il a réengagé six de ses employés, dont seulement la moitié à temps plein, et propose des séjours pour inviter les Barbadiens à passer leurs vacances sur l'île. Mais les temps ont changé.

Pour renforcer le secteur, il a présenté au gouvernement de la Barbade, avec d'autres membres de l'IHB, un livre blanc qui préconise un modèle de tourisme plus durable. Il propose notamment la création d'une coopérative pour bénéficier d'économies d'échelle, la promotion des technologies de pointe et le renforcement de la sécurité alimentaire.

"Notre part de marché est en baisse, nous devons donc envisager de revisiter le plan touristique de la Barbade. Oui, la COVID-19 a été catastrophique, mais nous pouvons profiter de cette occasion pour nous réinventer", a déclaré M. Patel. "Nous ne devons pas rater cette opportunité".

Quelle politique pour un redémarrage durable?

Le rapport de l'ONU indique que la crise de la COVID-19 est un moment décisif pour aligner l'effort de maintien des moyens de subsistance dépendant du tourisme sur les objectifs de développement durable (ODD) afin d'assurer un avenir plus résilient, plus inclusif, plus neutre en carbone et plus économe en ressources.

Il appelle à une feuille de route en cinq points pour transformer le tourisme dans les domaines prioritaires suivants :

Atténuer les impacts socio-économiques sur les moyens de subsistance, en particulier sur l'emploi des femmes et la sécurité économique.

Stimuler la compétitivité et renforcer la résilience, notamment par la diversification économique, avec la promotion du tourisme national et régional lorsque cela est possible, et la facilitation d'un environnement commercial favorable aux micro, petites et moyennes entreprises.

Faire progresser l'innovation et la transformation numérique du tourisme, notamment en encourageant l'innovation et l'investissement dans les formations au numérique, en particulier pour les travailleurs temporairement sans emploi et pour les chômeurs.

Encourager la durabilité et la croissance vertepour passer à un secteur touristique résilient, compétitif, efficace dans l'utilisation des ressources et neutre en carbone. Les investissements verts pour la relance pourraient cibler les zones protégées, les énergies renouvelables, les bâtiments intelligents et l'économie circulaire, entre autres.

Stimuler la coordination et les partenariats pour relancer et transformer le secteur en vue de la réalisation des ODD. Il faut veiller à ce que le redémarrage et la relance du tourisme mettent la priorité sur les personnes et il faut travailler ensemble pour assouplir et lever les restrictions de voyage de manière responsable et coordonnée.

La CNUCED aidera mettre en œuvre certaines de ces mesures vers une industrie touristique plus prospère dans le sillage de la pandémie de coronavirus lors de sa conférence quadriennale, laCNUCED 15, qui se tiendra à Bridgetown, à la Barbade, du 25 au 30 avril 2021.


Distribué par APO Group pour United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD).

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